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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/15

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LE BOUTE-CHARGE

lumière crue de midi, me parut d’abord d’une saisissante tristesse. Au premier coup d’œil, il me sembla qu’il régnait là une paix lourde, un silence écrasant d’où se dégageaient des bouffées d’ennui. Et malgré moi, je songeais à la décourageante prédiction : « Cinq ans de fichus, mon cher ! »

Mais tout au fond, à droite, des hommes en bourgeron blanc exécutaient de vigoureux exercices de boxe française. Dans un coin, à l’ombre, des cavaliers brossaient, peignaient des chevaux, avec une sorte de caresse dans leurs gestes. Un peloton à pied manœuvrait sous les commandements brefs d’un officier :…… Peloton à droite…… à gauche…… demi-tour…… suivis des « En avant » prolongés. Sur la gauche, j’entendais des cris, des coups de marteau, le retentissement argentin de plusieurs enclumes : la forge. Des dragons passaient, alertes, affairés. Un groupe de sous-lieutenants commentaient la décision du matin. Un cheval échappé de l’écurie, le nez au vent, le rein souple, l’œil narquois et