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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/150

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LE BOUTE-CHARGE

dans leurs rangs le Rossard. Car chez eux comme chez l’homme, les défauts s’enchaînent, et un vice en crée un autre :

J’ai connu un certain Pistolet qui, à coup sûr, s’était livré à des études approfondies sur l’art de carotter son cavalier afin de rester à l’écurie le plus possible et de faire le moins de temps de galop qu’il pouvait. Tantôt, le matin, au moment du boute-selle, il prenait des poses languissantes, se couchait, paraissait à demi-mort. On le laissait dans son intervalle : — Pistolet est malade ; il n’ira pas à la manœuvre, et on lui donnera un bon barbotage. — Tantôt, ayant remarqué qu’on ne le montait pas toutes les fois qu’il avait la colique, on le voyait, dès qu’on lui mettait la selle sur le dos, flairer ses flancs avec une inquiétude comique, essayer de se rouler : on le débridait ; Pistolet n’était pas sorti. Si ces trucs divers ne réussissaient pas, s’il comprenait l’impossibilité d’esquiver la manœuvre, Pistolet, au moment où les trompettes sonnaient la marche, se mettait a boiter affreusement.