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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/153

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LE BOUTE-CHARGE

les quatre pelotons accentuaient le galop, Pontin passait à un trot modéré ; et lorsqu’au commandement « Chargez ! » ses camarades superbes d’entrain et d’émulation se lançaient à fond, lui se mettait au pas. Si son cavalier cherchait à le faire avancer, il s’arrêtait tout à fait. Son flanc, tanné par les nombreuses corrections qu’il avait méritées, se moquait de l’éperon ; et pendant que derrière lui, deux hommes détachés spécialement pour ce service l’assommaient littéralement de coups de bâton et de plat de sabre, Pontin s’en allait béatement, sans se presser, rejoindre l’escadron tout fumant de la courte exécutée.

Je me souviens d’un cheval qui, au rebours des autres, détestait l’écurie. Il y restait juste le temps de manger son avoine et son foin ; puis il décampait et ne revenait qu’au moment où, las de promenade, il éprouvait le besoin de se rouler un peu dans la litière. C’était un grand bai cerise, sec, maigre, aux jarrets de fer, à la tête osseuse, l’œil canaille, comme disait le dragon qui le montait d’habitude.