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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/176

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LE BOUTE-CHARGE

Pleïades, lampes qui s’éteignent, perdues dans le ciel sans lune.

Là, dans ce vaste repli de terrain, il y a je ne sais quoi d’imprévu, d’inquiétant dans l’apparition de ces milliers d’ombres qui se meuvent à travers des feux aux brusques rayonnements fauves, multitude confuse et grouillante d’où monte une rumeur sourde, continue comme celle d’une marée lointaine. C’est notre bivouac.

À cinq heures, nous avons mis pied à terre. Les faisceaux sont debout. À la moindre alerte, nous sommes prêts à sauter en selle. Mais nous n’avons rien à craindre ; nous sommes cachés par les hauteurs qui nous environnent ; et sur les crêtes, nos vedettes veillent au salut commun. Dans les champs tout pâles de neige, cuirassiers, dragons, chasseurs et hussards se sont arrêtés en longues lignes de bataille ; et dans le désordre de l’installation au bivouac, l’ordre est admirable et souverain.

Toute la division est là. Les chevaux au piquet, encore enveloppés d’un nuage de vapeur,