Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
LE BOUTE-CHARGE

sentent germer en eux des idées nouvelles, redressent la tête en marchant et découvrent la poitrine par un sentiment de dignité instinctive. Il faut les mettre à l’essai, leur apprendre à se mouvoir dans les vastes plaines, à travers les obstacles naturels ou artificiels, leur montrer enfin ce que sera cette chose formidable, à laquelle tendent les plus puissants efforts de toute une nation : la défense du territoire. Loin de leurs chambres, loin de tout le bien-être de la garnison, ils auront à subir un apprentissage nouveau : ménager le cheval et ne lui demander que ce qu’il peut donner, se soigner eux-mêmes, faire vite et bien, ne pas s’effrayer de la fatigue, recourir à ces mille pratiques d’intelligente routine qui les créent soldats de campagne, se loger dans une hutte quelconque, administrer habilement leur bourse, savoir dormir sur une botte de paille aussi bien que dans un bon lit, au besoin sur la dure, avec le manteau pour couverture, la selle pour oreiller. Enfin, ils feront la petite guerre, locution infiniment expressive parce qu’elle ne signifie pas