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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/232

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LE BOUTE-CHARGE

tion contre les autres, là-bas, s’il se fût agi d’un départ à la frontière, avec quelle ardeur nous nous serions prépares à la lutte. Avec quelle ivresse de joie nous nous serions écriés : « Enfin ! » Mais nous allions marcher contre des gens qui parlaient notre langue, qui avaient probablement des parents ou des amis parmi nous, le dernier contingent ayant été recruté dans le pays même.

Ces pensées m’assombrissaient. Il était déjà huit heures du soir. Il gelait ferme et la nuit était profonde. Peut-être, après tout, allions-nous recevoir l’ordre de desseller ; peut-être s’était-on arrangé pacifiquement. Le trompette de garde sonna « à cheval. »

Aussitôt, l’instinct de discipline m’enveloppant tout entier, je ne pensai plus qu’à activer mes hommes. Quelques minutes après, nous mettons le pied à l’étrier et nous partons silencieusement. La route s’allonge interminablement droite, comme toutes les routes du Nord, avec ses pavés couverts de poussière rouge et noire, ses bas-côtés de terre battue. Nous allon-