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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/256

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LE BOUTE-CHARGE

retrouver le régiment dans la débandade le soir venu. Il parait qu’on me croyait mort. Lorsque j’arrivai, le colonel, qui était entouré de son état-major et auquel on rendait compte de l’appel — triste appel ! — le colonel vint à moi. Quand je lui eus tout dit, il m’embrassa en disant : « Ravel, tu as bien fait ton devoir. Tu es un brave, toi. » Au fond de sa voix, je sentais des larmes, ce qui fit que moi je me mis à sangloter, ne trouvant à dire que ce mot… « Mon colonel !… mon colonel !… n

À ce moment, Ravel, les yeux fixés dans le vague comme s’il revoyait les événements auxquels il a assisté, sent malgré lui sa gorge se serrer, et il se lève brusquement :

— Allez-vous vous mettre à l’ouvrage !… Ah ! tas de rossards ! Attendez un peu !…

Et tous se précipitent. Les soufflets ronflent, les enclumes retentissent, et les maréchaux tapent plus dur que jamais, avec une sorte de rage — comme s’ils écrasaient sous la masse de fer ceux auxquels ils songent en ce moment,