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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/64

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LE BOUTE-CHARGE

Le matin, à l’aube, on voyait Pornet, surveillé par le brigadier de garde, traîner sa brouette de corvée avec une lenteur majestueuse que rien ne parvenait à accélérer. Souvent, il s'arrêtait au milieu de la cour, s’asseyait sur sa brouette en disant :

— Je suis fatigué, moi !

Sur l’injonction du brigadier, il se levait, faisait mine de saisir les brancards, mais se rasseyait aussitôt en s’écriant :

— Je n’en puis plus, moi !

Et il continuait ainsi jusqu’à ce que ce manège fût aperçu de l’adjudant Loriot. Comme, à ce moment, celui-ci ne pouvait quitter sa chambre où il collationnait les rapports des cinq escadrons, il se mettait à la fenêtre, et on entendait ses clameurs d’un bout à l’autre du quartier.

Généralement, cette scène se terminait par une punition quelconque infligée au brigadier de garde « pour avoir manque d’énergie dans l’exercice de ses fonctions » ou pour tout autre motif arabe de ce genre.