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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/91

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LE BOUTE-CHARGE

collège, un vieux qu’on dit très bourru : il sent qu’il ne doit plus marcher seul, qu’il a besoin d’un guide, de quelqu’un qui le dirige à travers les obstacles qui grandissent. Il prendra deux leçons par semaine.

Lentement, avec des rougeurs au front, des hésitations dans sa voix, il explique au professeur qu’il n’est pas riche, qu’il ne peut donner que son prêt, qu’on veuille bien lui faire le meilleur marché possible. Longtemps il parle, disant ses espérances futures, racontant son arrivée au régiment, comment il a appris à lire, et qu’il a eu bien du mal. Enfin, il serait bien heureux de pouvoir prendre quelques leçons, parce que le peu qu’il sait lui a appris qu’il a encore tant… tant à savoir… qu’il ne voudrait pas être trop inférieur à ses camarades, que le colonel l’a nommé sous-officier par bienveillance… mais que noblesse oblige… Longtemps le vieux bourru le considère attentivement de ses lunettes noires, et l’écoute en tapotant la table de son coupe-papier, d’un air d’impatience ; puis, tout à coup, il l’interrompt :