Aller au contenu

Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
LE BOUTE-CHARGE

Et d’un geste large de son bras étendu, il enveloppait le quartier tout entier comme pour en prendre une possession intime dont il jouissait silencieusement.

Chaque sonnerie a sa physionomie particulière qui est une sorte de miroir fidèle de la physiologie du régiment. Qui connaît les mœurs du quartier, peut aisément reconstituer dans son esprit les scènes qui se déroulent dans les chambres et les écuries, fouiller même dans la pensée du dragon, au moment où le trompette lance ses appels cuivrés et sonores. — Sans parler des sonneries aux brigadiers de semaine après lesquelles on voit toujours apparaître la tête effarée du malheureux qui interrompt vingt fois son travail ou son repos, sa lecture ou sa pipe, pour venir répondre ; — à la corvée, qui soulève des tumultes, des protestations, des tempêtes, — ce n’est pas mon tour, — j’y ai été hier, — j’y suis tout le temps, — à la distribution du vaguemestre, qui fait pousser aux uns un cri de joyeuse satisfaction, aux autres un soupir