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Page:Zo d’Axa - De Mazas à Jerusalem.djvu/140

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DE MAZAS À JÉRUSALEM

Le troisième jour, à l’aube, nous jetions l’ancre aux eaux profondes de Brindisi.

Le navire avoisinait le large quai au point qu’une simple passerelle suffisait pour atterrir. En haut de la ville la tour carrée d’une cathédrale faisait une masse sombre et, à la lueur blafarde du matin, je vis, tout proche, ce tableau sinistre :

Quatre par quatre, une file de galériens, vestes brunes souillées et bonnets rouges matriculés, longeaient le rivage, traînant la jambe alourdie. Devant eux, derrière eux, à droite, à gauche, des gardes-chiourme le fusil en bandoulière, l’œil au guet.

Triste convoi ! Dernière image que me laissait l’Italie…

Et je pensais à l’humaine justice, cette justice qui me frapperait de prison si je mettais pied à terre : contravention à un décret d’expulsion !

Justice à dix mètres près !

Sur le bateau j’étais l’homme libre ; foulant le sol italien je devenais le repris de justice.