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LES ROUGON-MACQUART.

houille, des pans et des arêtes, brusquement allumés d’un reflet de cristal. Puis, tout retombait au noir, les rivelaines tapaient à grands coups sourds, il n’y avait plus que le halétement des poitrines, le grognement de gêne et de fatigue, sous la pesanteur de l’air et la pluie des sources.

Zacharie, les bras mous d’une noce de la veille, lâcha vite la besogne en prétextant la nécessité de boiser, ce qui lui permettait de s’oublier à siffler doucement, les yeux vagues dans l’ombre. Derrière les haveurs, près de trois mètres de la veine restaient vides, sans qu’ils eussent encore pris la précaution de soutenir la roche, insoucieux du danger et avares de leur temps.

— Eh ! l’aristo ! cria le jeune homme à Étienne, passe-moi des bois.

Étienne, qui apprenait de Catherine à manœuvrer sa pelle, dut monter des bois dans la taille. Il y en avait de la veille une petite provision. Chaque matin, d’habitude, on les descendait, tout coupés sur la mesure de la couche.

— Dépêche-toi donc, sacrée flemme ! reprit Zacharie, en voyant le nouveau herscheur se hisser gauchement au milieu du charbon, les bras embarrassés de quatre morceaux de chêne.

Il faisait, avec son pic, une entaille dans le toit, puis une autre dans le mur ; et il y calait les deux bouts du bois, qui étayait ainsi la roche. L’après-midi, les ouvriers de la coupe à terre prenaient les déblais laissés au fond de la galerie par les haveurs, et remblayaient les tranchées exploitées de la veine, où ils noyaient les bois, en ne ménageant que la voie inférieure et la voie supérieure, pour le roulage.

Maheu cessa de geindre. Enfin, il avait détaché son bloc. Il essuya sur sa manche son visage ruisselant, il s’inquiéta de ce que Zacharie était monté faire derrière lui.