Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/104

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volupté, jetant là tous les dégoûts de cette nuit brûlante. J’ai eu conscience de ces misères que je quittais, j’aurais voulu m’en aller par les rues, laissant l’eau glacée me pénétrer & renouveler mon être.

Laurence tremblait à mon côté. Elle avait noué son mouchoir sur ses épaules nues ; n’osant s’aventurer, elle regardait d’une façon désespérée le ciel sombre & les ruisseaux qui inondaient les trottoirs. La pauvre fille n’avait à attendre de ce ciel d’hiver que quelque fluxion de poitrine.

Il me restait deux francs. J’ai couru arrêter un fiacre, j’y ai fait monter Laurence. Elle s’est blottie dans un des coins, & là, s’est tenue silencieuse, sans cesser de trembler. Je la distinguais, à ma gauche, comme une blancheur effacée. Parfois, une goutte de pluie, restée sur ses vêtements, roulait jusqu’à ma main.

Au bout d’un instant, une sorte d’accablement m’a pris, le sommeil a fermé mes