Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/156

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de ces regards que doit dater mon amour. Je m’apercevais pour la première fois que je n’étais pas seul, je goûtais une profonde satisfaction à découvrir une créature à mon côté.

Cette créature ne fut sans doute d’abord qu’une amie. Il m’arriva de m’asseoir au bord de la couche, de causer, de pleurer sans cacher mes pleurs. Laurence, que mon dénuement devait apitoyer, me répondit, essuya mes larmes. Elle s’ennuyait à mourir, elle aussi ; le silence, la froideur, à certains moments, finissaient par lui peser. Sa parole me parut plus douce, ses gestes me semblèrent plus caressants ; elle redevint presque femme.

À ce point, frères, je fus envahi tout d’un coup. Ma vie allait se rétrécissant chaque jour. La terre fuyait ; Paris, la France, vous-mêmes, mes pensées & mes connaissances, rien n’était plus. Laurence résumait pour moi Dieu & l’être, l’humanité & la divinité ; la chambre où elle se