Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/173

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Pâquerette dominait de toute sa vieillesse ; elle présidait, elle appelait « mes filles » les deux malheureuses qui la caressaient. Il y avait toutefois cordialité, fraternité entre elles ; elles parlaient en sœurs, sans songer à leur différence d’âge. Mes regards voilés confondaient les trois têtes, je ne savais plus sur quel front étaient les cheveux blancs.

Et nous étions là, en face, Jacques & moi. Nous étions jeunes, nous célébrions un succès de l’intelligence. J’ai été sur le point de sortir, frères, & de courir jusqu’à vous. Puis j’ai éclaté de rire, tout haut sans doute, car les femmes m’ont regardé, étonnées. Je me suis dit que tel était désormais le monde où je devais vivre. J’ai fermé les yeux & j’ai vu des anges, vêtus de longues robes bleues, qui montaient dans une lumière pâle, pleine d’étincelles.

Le souper avait été fort gai. On chantait & on causait. Il me semblait que la