Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pect maladif, ses plans brusquement coupés, ses plaies béantes, a la tristesse indicible des contrées que la main de l’homme a déchirées.

Laurence, qui était devenue rêveuse dans les fossés des fortifications, s’est serrée contre moi en traversant la plaine désolée. Nous avons marché en silence, nous retournant parfois pour voir Paris qui grondait à l’horizon. Puis nous ramenions nos regards à nos pieds, évitant les trous, regardant, l’âme attristée, cette plaine dont le soleil montrait brutalement les blessures ouvertes. Là-bas étaient les églises, les Panthéons & les palais royaux ; ici étaient les ruines d’un sol bouleversé, que l’on avait fouillé & volé pour bâtir des temples aux hommes, aux rois & à Dieu. La ville expliquait la plaine ; Paris avait à son seuil la désolation que fait toute grandeur. Je ne sais rien de plus morne ni de plus lamentable que ces terrains vagues qui entourent les grandes cités ; ils ne