Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/197

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quitter des yeux ces calmes espaces pour le monde de folie qui criait autour de moi. Je me rappelle aujourd’hui que Laurence paraissait fiévreuse, troublée.

Puis le silence s’est fait, tous sont partis, & nous sommes restés. J’avais résolu de coucher au Coup du milieu pour jouir, le lendemain, de la rosée, des clartés blanches de l’aube. En attendant que l’on mît des draps à notre lit, je suis allé avec Laurence m’asseoir sur un banc, au fond du jardin. La nuit était douce, étoilée, transparente ; des bruits vagues montaient de la terre ; un cor, sur la hauteur, se plaignait d’une voix éteinte & caressante. La plaine, avec ses grandes masses de feuillages, noires, immobiles, étendait ses horizons mystérieux ; elle semblait dormir, frissonnante, agitée par un rêve d’amour.

Notre chambre m’a paru humide. Elle était au rez-de-chaussée, basse, neuve, déjà toute dégradée. Les meubles man-