Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/224

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Puis, il y a surtout un sentiment d’immense solitude. On se sent abandonné, on frissonne d’effroi ; on ne peut vivre sans cette créature qu’on s’était plu à regarder comme une compagne éternelle ; on a froid, on tremble, on préférerait mourir que de rester orphelin.

J’exige que Laurence soit à moi. Je n’ai qu’elle & je la garde en avare. Je saigne, lorsque je songe que Pâquerette a peut-être raison, & que demain je serai sans amour. Je ne veux pas rester tout seul dans ma misère, au fond de mon abaissement. J’ai peur.

Et pourtant je ne puis fermer les yeux, vivre dans l’ignorance. Certains garçons, lorsqu’ils sentent qu’une femme leur est nécessaire, l’acceptent telle qu’elle est ; ils n’ont garde de risquer leur paix en fouillant sa vie. Moi, je ne me sens pas la force d’ignorer. Je doute. Mon malheureux esprit me pousse à me désabuser ou à me convaincre ; j’ai besoin de pénétrer Lau-