Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/226

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tres au-dessous de moi. Je crois entendre des sons de baisers, je saisis mon nom prononcé avec des rires ironiques. Puis, lorsque Laurence se montre enfin sur le seuil, dans la cour, la brûlure me traverse de nouveau. Je reste haletant, brisé. Elle me surprend, je ne l’attendais pas. Je commence à douter, je ne sais plus si j’ai bien compté les marches qu’elle avait à descendre.

Longtemps je joue ce jeu cruel avec moi-même. J’invente des embûches, &, le sang me montant aux yeux, je ne me rappelle plus ce que j’ai vu. La certitude me fuit, les soupçons naissent & meurent plus dévorants chaque jour. J’ai une science infernale pour épier & raisonner les causes de ma souffrance ; mon esprit s’empare âprement des faits les plus minces, il les assemble, les lie, en tire des déductions merveilleuses. Je fais cette petite besogne avec une étonnante lucidité ; je compare, je discute, j’accueille, je rejette, en véritable juge