Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/237

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maltraiter une femme, je pleurais sur Laurence dont j’avais entendu crier les os sous mes doigts. Tout mon être s’anéantissait dans un remords poignant, mon âme navrée cherchait avec désespoir à réparer ce qui ne pouvait être oublié. Je reculais, plein de dégoût & de frayeur, devant la bête fauve que j’avais sentie s’éveiller & mourir en moi ; je souffrais de terreur, de honte, de pitié.

Je me suis approché de Laurence, je l’ai prise dans mes bras, lui parlant bas, à l’oreille, d’une voix caressante & désolée. Je ne sais ce que je lui ai dit. Mon cœur était plein, je l’ai vidé. Mes paroles ont été une longue prière, ardente & humble, douce & violente, pleine d’orgueil & de bassesse. Je me suis livré entier, dans le passé, dans le présent, dans l’avenir ; j’ai fait l’histoire de mon cœur, j’ai fouillé jusqu’au plus profond de mon être pour ne rien cacher. J’avais besoin de pardon, j’avais aussi besoin de pardonner. J’ai ac-