Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/252

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cendu te serrer la main & te demander aide & conseil.

Je suivais sur la face de Jacques l’effet de mes paroles. Il est devenu grave & a baissé les yeux. Il n’avait pas l’attitude d’un coupable, il avait presque celle d’un juge.

J’ai ajouté d’une voix vibrante :

— Tu vis à mon côté, tu sais quelle est ma vie. J’ai eu ce malheur, au début, de rencontrer une femme qui a pesé sur moi & qui m’a écrasé. J’ai gardé longtemps cette femme par pitié & par justice. Aujourd’hui, j’aime Laurence, je la garde par rage d’amour. Je ne viens pas te demander d’employer ta sagesse à me séparer d’elle ; je veux, s’il est possible, que tu me donnes de derniers espoirs, en apaisant ma fièvre, en me faisant voir que tout n’est pas honte en moi. Je te l’ai dit, je ne me connais plus moi-même. Rends-moi le service de fouiller mon être, de l’étaler saignant devant mes yeux. Si je