Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/254

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rage jalouse serait d’autant plus grande qu’il faudrait plus d’amour, plus de dévouement à celui qui me volerait Laurence. Ne raisonne donc pas avec moi, Jacques ; je n’ai que faire de tes idées sur la vie, de tes volontés & de tes devoirs. Je suis trop haut ou trop bas pour te suivre dans ta voie. Toi qui as l’esprit sain, tâche seulement de m’assurer que Laurence m’aime, que j’aime Laurence, que je dois l’aimer.

Je m’étais animé en parlant, je frémissais, j’entendais la folie monter. Jacques, de plus en plus grave, de plus en plus triste, me regardait, &, à voix basse :

— L’enfant ! disait-il, le pauvre enfant !

Puis, il m’a pris les mains & les a tenues dans les siennes, se recueillant, gardant le silence. Ma chair brûlait, la sienne était fraîche ; je sentais mon visage se contracter, & je me cherchais vainement dans le sien qui restait grave & fort.

— Claude, m’a-t-il dit enfin, tu rêves,