Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/261

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plein visage, j’en sentais le froid qui me couvrait la face ; j’étais roidi & glacé ; je ne savais plus si je souffrais. Je ne croyais pas en être arrivé déjà à ce degré d’abaissement dans les opinions de la foule ; j’avais désiré une honte volontaire, mais je n’avais pas voulu l’injure. J’ai reculé pas à pas vers la porte, regardant Jacques qui s’était levé, lui aussi, & qui me contemplait avec une violence superbe. Quand j’ai été sur le seuil :

— Écoutez, m’a-t-il dit, vous vous en allez sans me serrer la main, je vois que vous ne me pardonnerez pas la blessure que je viens de vous faire. Pendant que je suis lâche & cruel, j’ai une dernière infamie à vous proposer. Je ne vous aurai pas torturé, je n’aurai pas soulevé votre dégoût sans vous guérir. Envoyez-moi Laurence. Je me sens le courage de la garder une nuit ; demain, vos tendresses seront mortes, vous chasserez cette femme qui ne sera plus à vous. S’il vous faut d’autres