Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/277

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bras comme un calice qui me met en sang, qui me donne une volupté amère. Elle me déchire ; & je l’aime. Je l’aime pour toutes les pointes qu’elle fait entrer dans ma chair ; j’éprouve l’extase douloureuse de ces moines qui mouraient sous les verges dont ils se frappaient eux-mêmes. J’aime & je sanglote ; je ne veux pas refuser les sanglots, si je dois refuser l’amour.

Et cependant je comprends que ce cauchemar âpre & violent doit finir. La crise approche. Je ne sais lequel de nous va mourir. J’ai comme une angoisse qui me tient éveillé, qui m’avertit d’un malheur prochain. Le ciel aura pitié : il guérira mon esprit & me laissera mon cœur ; il me choisira pour la mort plutôt que de choisir mes tendresses.

Ce matin, j’ai rencontré un jeune homme & une jeune femme qui marchaient dans le soleil clair. Tous deux, étroitement pressés, s’avançaient à petits pas,