Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/294

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& brûlant entourer mon cou. Ses yeux, lumineux dans l’ombre, tout pleins des clartés de la mort, m’interrogeaient avec effroi & compassion.

Moi, j’aurais voulu prier. J’avais le besoin de joindre les mains, d’implorer une divinité douce & miséricordieuse. Je me sentais faible & nu ; dans ma peur d’enfant, je cherchais à me donner à un Dieu bon qui eût pitié de moi. Tandis que Jacques m’arrachait Laurence, & que tous deux, en bas, s’unissaient étroitement en un baiser, j’avais l’immense désir de faire mes actes de foi & d’amour, de protester à genoux, d’aimer ailleurs, dans la lumière, dans l’absolu. Mais ma bouche ignorait la prière, je tendais les bras avec désespoir, dans le vide, vers le ciel muet.

J’ai rencontré la main de Marie, & je l’ai serrée doucement. Ses yeux agrandis m’interrogeaient toujours.

— Oh ! prions, mon enfant, lui ai-je dit, prions ensemble.