Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/316

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voulu en déchirer un haillon, pour le garder en souvenir de ma jeunesse.

Laurence, reculant toujours, est entrée dans l’ombre de l’escalier, m’adressant une dernière prière, & la robe n’a plus été qu’un flot noir qui a glissé sur les marches en frissonnant.

J’étais libre.

J’ai mis une main sur mon cœur : il battait à coups faibles & calmes. J’avais froid. Un grand silence se faisait en mon être, il me semblait que je m’éveillais d’un songe.

J’avais oublié Marie dont la tête paisible reposait toujours sur ma poitrine. Pâquerette, qui sommeillait, s’est dressée brusquement & a couché le cadavre sur le lit, tout de son long, en me disant :

— Voyez donc, la pauvre enfant ! Vous ne lui avez pas même fermé les yeux. Elle semble vous regarder & sourire.

Marie me regardait. Elle avait un sommeil d’enfant, une paix suprême, un front