Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/318

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vaguement Pâquerette endormie & Jacques agenouillé. Je suis allé à la fenêtre.

J’ai passé la nuit là, debout, en face du ciel étoilé. Je regardais Marie & je regardais en moi ; je dominais Jacques, je distinguais Laurence loin, bien loin dans mon souvenir. Ma pensée était saine, je m’expliquais toutes choses, j’avais conscience de mon être & des créatures qui m’entouraient. C’est ainsi que j’ai pu voir la vérité.

Oui, Jacques ne s’était pas trompé. J’ai été malade. J’ai eu la fièvre, le délire. Je sens aujourd’hui, à la fatigue de mon cœur, quelle a dû être la violence de mon mal. Je suis fier de ma souffrance, je comprends que je n’ai pas été infâme, que mes désespoirs n’étaient que les révoltes de mon cœur, indigné du monde où je l’avais égaré. Je suis maladroit devant la honte, je ne sais point accepter les amours vulgaires ; je n’ai pas la tranquille indifférence nécessaire pour vivre dans ce