Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/58

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d’elle, pourquoi n’en voulais-je plus maintenant ? Je n’avais donc pas songé qu’il est un monde où la femme qui s’oublie aux bras d’un homme devient épouse ? Parce qu’elle était souillée, j’avais pu la souiller encore impunément. Je n’avais pas même craint qu’elle vînt un soir me rappeler notre union. Elle n’existait plus pour moi, & peut-être l’avais-je rendue mère. Ainsi, nous avions pu nous lier sans garder rien de commun.

Elle est restée un instant silencieuse. Puis elle a repris avec plus d’énergie :

— Eh bien ! moi, je dis que tu mens, je dis que nous sommes époux & que j’ai tous les droits de l’épouse. Tu ne peux faire que ce qui est ne soit pas. Tu as voulu cette union, & tu es un lâche de ne plus la vouloir. Tu es mien, je suis tienne.

Laurence avait ouvert la porte. Elle m’insultait, debout sur le seuil, pâle & sans colère dans la voix. J’ai sauté du lit, & je suis allé lui prendre le bras.