Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/60

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nous. Nous accueillons l’une, nous chassons l’autre.

C’est que nous avons la lâcheté de nos vices. C’est que nous serions effrayés d’avoir près de nous le souvenir & le remords vivants de notre souillure. Il nous plaît de vivre honorés, &, lorsque nous rougissons à l’appel d’une maîtresse avilie, nous la renions pour expliquer notre rougeur par son impudence. Et nous faisons cela sans nous penser coupables, sans nous demander quelle justice demande cette fille. L’habitude a fait d’elle notre jouet, nous nous étonnons que ce jouet parle & qu’il se dise femme.

Moi, j’ai frémi devant la vérité. J’ai compris & j’ai pleuré. La question m’a paru simple, claire, évidente. Les paroles de Laurence m’effrayaient sans me révolter. Je n’avais jamais songé qu’elle pouvait venir ; mais elle venait, & je la recevais. Je ne saurais, frères, vous expliquer quels étaient mes sentiments. Mon esprit de