Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/244

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crainte que d’espérance : ils se trouvaient si bien comme ils étaient, qu’ils redoutaient tout changement apporté aux habitudes de leur cœur.

Aucune confidence ne fut échangée entre eux. Ils menaient une vie commune, mais, maintenant, ils avaient chacun son secret, et ils remettaient à plus tard leur confession mutuelle.

Ils laissèrent passer quelques semaines, puis ils se hasardèrent à retourner chez Jeanne. Rien ne leur parut changé. La jeune femme, un peu pâle les reçut avec sa cordialité habituelle et se montra seulement plus réservée à l’égard de Georges. Ce jour-là, ce fut Daniel qui se trouva forcé de causer.

Lorin, à la suite d’opérations désastreuses, laissait sa femme presque ruinée. M. de Rionne, qui vivait chez sa fille en parasite fut enchanté de la mort de son gendre. Il avait fini par concevoir une irritation sourde contre cet homme, qui tenait à deux mains sa fortune ; jamais il ne pouvait en arracher un sou, et il ne trouvait chez lui que le toit et la table. Quand Lorin fut