Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/247

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Daniel sentit qu’il allait défaillir. Un flot de sang brûlant était monté à sa face.

« Vous ne répondez pas, continua la jeune femme, vous ne voulez point livrer la confidence d’un ami… Eh bien ! je parlerai alors : ces lettres sont de M. Georges Raymond… Ne dites pas non. Je sais tout. J’ai lu son amour dans ses regards ; j’ai cherché autour de moi, et je n’ai trouvé que lui qui pût m’écrire ainsi. »

Elle s’arrêta, cherchant les mots. Daniel, écrasé, la regardait avec des yeux fixes.

« Je vous considère comme mon frère, dit-elle d’une voix plus lente. J’ai voulu me confesser à vous. Votre ami m’a encore écrit hier. Il ne faut pas qu’il continue, car ses lettres sont inutiles maintenant. Je vous le répète, je sais tout ; ce jeu deviendrait cruel et ridicule. Dites à votre ami qu’il vienne… Venez avec lui. »

Et ses regards émus achevèrent son aveu. Jeanne aimait Georges.

Daniel, glacé, avait retrouvé subitement un calme terrible. Il lui semblait que son âme