Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/252

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plus légère et que son âme le remerciait de la dégager ainsi. Il ne réfléchissait pas, il se laissait aller, car il comprenait que le véritable amour entrait en lui et y accomplissait une œuvre grande.

Et, quand l’œuvre fut accomplie, Daniel se mit à sourire tristement. Il était mort à toutes les folies de ce monde. Maintenant que la chair était vaincue, il sentait que l’âme ne tarderait pas à s’envoler.

Peu à peu l’image de Mme de Rionne était revenue, et il se sentait prêt à remplir le vœu de la morte. Ses yeux profonds et clairs voyaient nettement les faits, son cœur le poussait à consommer le sacrifice.

Il se leva et alla trouver Georges.

Il l’aborda avec un bon sourire, et sa main ne trembla pas en serrant la main de son ami. Rien ne parlait plus dans sa chair meurtrie. Il était tout âme.

Il savait que Georges aimait Jeanne avec passion. Le voile s’était déchiré, et il avait conscience