Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/259

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voulut pas être au-dessous de ce sublime courage. Son amour criait dans sa poitrine ; mais il lui imposa silence.

Il prit la main de Jeanne.

« Nous prétendons nous aimer, et nous ne sommes que des enfants, dit-il. Nous n’avons pas encore eu une pensée pour l’homme qui nous a donnés l’un à l’autre. Il pleure loin de nous, tandis que nous sommes ici à passer des heures tendres, dans notre égoïsme d’amants. Il faut que vous sachiez tout, Jeanne, car nous ne devons pas être des cœurs mauvais. Ces lettres viennent de m’apprendre la vérité… Écoutez l’histoire de Daniel. »

Et, simplement, il dit à Jeanne ce que son ami lui avait confié. Il lui conta cette vie généreuse, toute de sacrifice et de tendresse. Il lui montra Daniel à genoux devant le lit de sa mère. Et, alors, la jeune femme se mit à pleurer. Elle eut conscience de ses cruautés, elle revoyait dans le passé ce gardien qui l’avait soutenue, à chaque heure périlleuse de sa vie.