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NANA

ne trouvant plus rien digne d’être pris au sérieux.

— C’est ce pauvre Vandeuvres qui serait surpris, s’il revenait, murmura Foucarmont. Vous vous souvenez, quand il crevait d’ennui là-bas, devant la cheminée. Fichtre ! il ne fallait pas rire.

— Vandeuvres, laissez donc, un raté ! reprit dédaigneusement la Faloise. En voilà un qui s’est mis le doigt dans l’œil, s’il a cru nous épater avec son rotissage ! Personne n’en parle seulement plus. Rasé, fini, enterré, Vandeuvres ! À un autre !

Puis, comme Steiner leur serrait la main :

— Vous savez, Nana vient d’arriver… Oh ! une entrée, mes enfants ! quelque chose de pharamineux !… D’abord, elle a embrassé la comtesse. Ensuite, quand les enfants se sont approchés, elle les a bénis en disant à Daguenet : « Écoute, Paul, si tu lui fais des queues, c’est à moi que tu auras à faire… » Comment ! vous n’avez pas vu ça ! Oh ! un chic ! un succès !

Les deux autres l’écoutaient, bouche béante. Enfin, ils se mirent à rire. Lui, enchanté, se trouvait très fort.

— Hein ? Vous avez cru que c’était arrivé… Dame ! puisque c’est Nana qui a fait le mariage. D’ailleurs, elle est de la famille.

Les fils Hugon passaient, Philippe le fit taire. Alors, entre hommes, on causa du mariage. Georges se fâcha contre la Faloise, qui racontait l’histoire. Nana avait bien collé à Muffat un de ses anciens pour gendre ; seulement, il était faux que, la veille encore, elle eût couché avec Daguenet. Foucarmont se permit de hausser les épaules. Savait-on jamais quand Nana couchait avec quelqu’un ? Mais Georges, emporté, répondit par un : « Moi, monsieur, je le sais ! » qui les mit tous en gaieté. Enfin, comme le dit Steiner, ça faisait toujours une drôle de cuisine.