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NANA

souffle chaud entrait par une fenêtre, dans la fraîcheur silencieuse du demi-jour. D’ailleurs, la jeune femme se levait maintenant, un peu faible encore. Elle ouvrit les yeux, elle demanda :

— Qui est-ce ?

Zoé allait répondre. Mais Daguenet, forçant l’entrée, s’annonça lui-même. Du coup, elle s’accouda sur l’oreiller et, renvoyant la femme de chambre :

— Comment, c’est toi ! le jour qu’on te marie !… Qu’y a-t-il donc ?

Lui, surpris par l’obscurité, restait au milieu de la pièce. Cependant, il s’habituait, il avançait, en habit, cravaté et ganté de blanc. Et il répétait :

— Eh bien ! oui, c’est moi… Tu ne te souviens pas ?

Non, elle ne se souvenait de rien. Il dut s’offrir carrément, de son air de blague.

— Voyons, ton courtage… Je t’apporte l’étrenne de mon innocence.

Alors, comme il était au bord du lit, elle l’empoigna de ses bras nus, secouée d’un beau rire, et pleurant presque, tant elle trouvait ça gentil de sa part.

— Ah ! ce Mimi, est-il drôle !… Il y a pensé pourtant ! Et moi qui ne savais plus ! Alors, tu t’es échappé, tu sors de l’église. C’est vrai, tu as une odeur d’encens… Mais baise-moi donc ! oh ! plus fort que ça, mon Mimi ! Va, c’est peut-être la dernière fois.

Dans la chambre obscure, où traînait encore une vague odeur d’éther, leur rire tendre expira. La grosse chaleur gonflait les rideaux des fenêtres, on entendait des voix d’enfant sur l’avenue. Puis, ils plaisantèrent, bousculés par l’heure. Daguenet partait tout de suite avec sa femme, après le lunch.