Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/103

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retenir l’attention. Un monsieur était là qui les regardait. Ah ! filles d’Ève, le diable vous tente au berceau !

Puis, elles éclatèrent de rire. Un détail de ma toilette devait les surprendre, leur paraître très-comique : mon chapeau sans doute, dont la forme n’est plus de mode. Elles se moquaient de moi, à la lettre; elles raillaient, la main sur les lèvres, retenant les perles de leurs rires, comme les dames font dans les salons. Je finis par avoir honte, par rougir, par ne plus savoir que faire de ma personne. Et je m’enfuis, abandonnant la place à ces deux bambines qui avaient des gaietés et des regards étranges de femmes faites.


III


Ah ! Ninon, Ninon, emmène-moi ces demoiselles dans des fermes, habille-les de toile grise et laisse-les se rouler dans la mare où barbottent les canards. Elle reviendront bêtes comme des oies, saines et vigoureuses comme de jeunes arbres. Quand nous les épouserons, nous leur apprendrons à nous aimer. Elles seront assez savantes.