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lances, elle soigna les malades nuit et jour, usant ses lèvres à fermer les blessures, remerciant le ciel de la grande tâche qu’il lui donnait.

Elle fut une providence pour les jeunes hommes. Elle en sauva un grand nombre. Ceux dont elle ne put guérir le cœur, furent ceux qui n’avaient déjà plus de cœur. Son traitement était simple : elle donnait aux malades ses mains secourables, son souffle tiède. Jamais elle ne demandait un payement. Elle se ruinait avec insouciance, faisant l’aumône à pleine bouche.

Aussi les avares du temps hochaient-ils la tête, en voyant la jeune prodigue disperser de la sorte la grande fortune de ses grâces. Ils disaient entre eux :

— Elle mourra sur la paille, elle qui donne le sang de son cœur, sans jamais en peser les gouttes.


III


Un jour, en effet, comme elle fouillait son cœur, elle le trouva vide : Elle eut un frisson de terreur : il lui restait à peine quelques sous de tendresse. Et l’épidémie sévissait toujours.

L’enfant se révolta, ne songeant plus à l’im-