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IV


En haut, la petite ne dort pas. Elle s’est réveillée, elle songe, en face du bout de chandelle qui agonise sur un coin de la table. Et on ne sait quoi de monstrueux et de navrant passe sur la face de cette gamine de sept ans, aux traits flétris et sérieux de femme faite.

Elle est assise sur le bord du coffre qui lui sert de couche. Ses pieds nus pendent, grelottants ; ses mains de poupée maladive ramènent contre sa poitrine les chiffons qui la couvrent. Elle sent là une brûlure, un feu qu’elle voudrait éteindre. Elle songe.

Elle n’a jamais eu de jouets. Elle ne peut aller à l’école, parce qu’elle n’a pas de souliers. Plus petite, elle se rappelle que sa mère la menait au soleil. Mais cela est loin ; il a fallu déménager ; et, depuis ce temps, il lui semble qu’un grand froid a soufflé dans la maison. Alors, elle n’a plus été contente ; toujours elle a eu faim.

C’est une chose profonde dans laquelle elle descend, sans pouvoir la comprendre. Tout le monde a donc faim ? Elle a pourtant tâché de s’habituer à