Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/149

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des pantalons gris perle et des bottines vernies.

Les pénitents sont la grande curiosité. Une procession sans pénitents est un pauvre régal. Et, enfin, vient le clergé. Parfois, des petits enfants portent des palmes, des épis de blé sur des coussins, des couronnes, des pièces d’orfèvrerie. Mais les dévotes retournent leurs chaises, s’agenouillent, regardent en dessous. C’est le dais qui approche. Il est monumental, tendu de velours rouge, surmonté de panaches, échafaudé sur des bâtons dorés. J’ai vu des sous-préfets porter cette litière immense, dans laquelle la religion malade se fait promener au soleil de juin. Une bande d’enfants de chœur marchent à reculons, les encensoirs balancés à toute volée. On n’entend que la psalmodie des prêtres et le bruit argentin des chaînes des encensoirs, à chaque secousse.

C’est le catholicisme écloppé qui se traîne sous le ciel bleu des vieilles croyances. Le soleil se couche ; des lueurs roses s’éteignent sur les toits ; une grande douceur tombe avec le crépuscule ; et, dans cet air limpide du Midi, la procession s’en va avec des voix mourantes, effacement mélancolique de tout un âge qui descend dans la terre.

Les autorités suivent en costume, les tribunaux,