Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/153

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entre lesquelles ils voient gambader de grands diables nus. Les dames passent plus vite.

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J’ai goûté pourtant là de bonnes heures, de très-grand matin, quand la ville dort encore. Ce n’est plus le pullulement d’épaules maigres, de têtes chauves, de ventres énormes de l’après-midi. Le bain est presque désert. Quelques jeunes gens y nagent en baigneurs convaincus. L’eau est plus fraîche, après le sommeil de la nuit. Elle est plus pure, plus vierge.

Il faut y aller avant cinq heures. La ville à un réveil tiède. Rien n’est délicieux comme de suivre les quais, en regardant l’eau, de ce regard de convoitise des amants. Elle va être à vous. Dans le bain, l’eau dort. C’est vous qui la réveillez. Vous pouvez la prendre entre vos bras, en silence. Vous sentez le courant s’en aller tout du long de votre chair, de la nuque aux talons, avec une caresse fuyante.

Le soleil levant met des bandes roses sur les linges qui pavoisent le plafond. Puis, un frisson court sur la peau avec les baisers plus vifs de la rivière, et il fait bon alors s’envelopper d’un peignoir et