Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/201

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sant disparaître, ils enseveliraient avec moi les secrets de ma fabrication, et qu’ils conserveraient ainsi tout son prix à ce prétendu trésor.

Il resta songeur et triste. Nous nous étions assis sur les tas de diamants, et je le regardai, la main gauche perdue dans le panier des rubis, la main droite faisant couler machinalement des poignées d’émeraudes. Les enfants font ainsi couler le sable entre leurs doigts.

_____


Au bout d’un silence :

— Vous devez mener une vie intolérable ! m’écriai-je. Vous vivez ici dans la haine des hommes… N’avez-vous aucun plaisir ?

Il me regarda, d’un air surpris.

— Je travaille, répondit-il simplement, je ne m’ennuie jamais… Quand je suis en gaieté, mes jours de folie, je mets quelques-uns de ces cailloux dans ma poche, et je vais m’installer au bout de mon jardin, derrière une meurtrière qui donne sur le boulevard… Là, de temps à autre, je lance un diamant au milieu de la chaussée…

Il riait encore au souvenir de cette excellente plaisanterie.