Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/248

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Je restai fort sot. Je comprenais mon oncle Lazare. Il me faisait bel et bien un sermon, dans lequel il me disait que j’étais un paresseux et que le moment de travailler était venu.

Mon oncle paraissait aussi embarrassé que moi. Après avoir hésité pendant quelques instants :

— Jean, dit-il en balbutiant un peu, tu as eu tort de ne pas venir me tout conter… Puisque tu aimes Babet et que Babet t’aime…

— Babet m’aime ! m’écriai-je.

Mon oncle eut un geste d’humeur.

— Eh ! laisse-moi dire. Je n’ai pas besoin d’un nouvel aveu… Elle me l’a avoué elle-même.

— Elle vous a avoué cela, elle vous a avoué cela !

Et je sautai brusquement au cou de mon oncle Lazare.

— Oh ! que c’est bon ! ajoutai-je… Je ne lui avais jamais parlé, vrai… Elle vous a dit ça à confesse, n’est ce pas ?… Jamais je n’aurais osé lui demander si elle m’aimait, moi, jamais je n’en aurais rien su… Oh ! que je vous remercie !

Mon oncle Lazare était tout rouge. Il sentait qu’il venait de commettre une maladresse. Il avait pensé que je n’en étais pas à ma première rencontre avec la jeune fille, et voilà qu’il me donnait une