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LES FRAISES


I


Un matin de juin, en ouvrant la fenêtre, je reçus au visage un souffle d’air frais. Il avait fait pendant la nuit un violent orage. Le ciel paraissait comme neuf, d’un bleu tendre, lavé par l’averse jusque dans ses plus petits coins. Les toits, les arbres dont j’apercevais les hautes branches entre les cheminées, étaient encore trempés de pluie, et ce bout d’horizon riait sous le soleil jaune. Il montait des jardins voisins une bonne odeur de terre mouillée.

— Allons, Ninette, criai-je gaiement, mets ton chapeau, ma fille… Nous partons pour la campagne.

Elle battit des mains. Elle eut terminé sa toilette