Page:Zola - Travail.djvu/218

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elle toute la race. Et, délicieusement, elle était aussi l’amour, l’amour nécessaire à l’harmonie, au bonheur de la Cité future.

D’une voix douce, il appela.

« Josine ! Josine ! C’est vous, Josine ! »

Mais déjà, sans une parole, elle fuyait, se perdait dans l’obscurité de la lande inculte.

« Josine ! Josine ! C’est vous je le sais bien, Josine, et il faut que je vous parle. »

Alors, tremblante, heureuse, elle revint de son pas léger, elle s’arrêta sur la route, en dessous de la fenêtre. Et, d’un souffle à peine :

« Oui, c’est moi monsieur Luc. »

Il ne se hâtait plus, il tâchait de la mieux voir, si mince, si vague pareille à une vision qu’un flot de ténèbres va emporter.

« Voulez-vous me rendre un service ? … Dites à Bonnaire qu’il cause avec moi demain matin. J’ai une heureuse nouvelle pour lui. Je lui ai trouvé du travail. »

Elle s’égaya d’un rire ému, à peine distinct, tel qu’un gazouillis d’oiseau.

« Ah ! vous êtes bon ! vous êtes bon !

— Et, continua-t-il à voix plus basse, en s’attendrissant, j’aurai du travail pour tous les ouvriers qui voudront travailler. Oui, je vais tâcher qu’il y ait de la justice et du bonheur pour tout le monde. »

Elle comprit, son rire se fit plus doux, plus trempé de passion reconnaissante.

« Merci, merci, monsieur Luc. »

La vision s’effaçait, il revit l’ombre légère fuir de nouveau parmi les broussailles ; et elle était accompagnée d’une autre ombre toute petite, Nanet, qu’il n’avait point encore aperçu, et qui galopait maintenant au côté de sa grande sœur.