Page:Zola - Travail.djvu/238

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Aussi les cinq classes se déroulaient-elles, des notions premières à toutes les vérités scientifiques acquises, comme une émancipation logique et graduée des intelligences. Dans le jardin, un gymnase se trouvait installé, des jeux, des exercices de toutes sortes, afin que le corps fût fortifié, sain et solide, à mesure que le cerveau se développait lui-même, s’enrichissait de savoir. Il n’est de bon équilibre mental que dans un corps bien portant. Pour les premières classes surtout, les récréations étaient longues, on commençait par n’exiger des enfants que des tâches courtes, variées, proportionnées à leur endurance. La règle était de les enfermer le moins possible, on donnait souvent les leçons en plein air, on organisait des promenades, les instruisant au milieu des choses qu’ils avaient à connaître, dans les fabriques, devant les phénomènes de la nature, parmi les animaux, les plantes, les eaux, les montagnes. C’était la réalité des êtres et des choses, à la vie elle-même qu’on demandait le meilleur de leur enseignement, dans cette conviction que toute science ne doit avoir d’autre but que de bien vivre la vie. Et, le dehors des notions générales, on s’efforçait encore de leur donner la notion d’humanité, de solidarité. Ils grandissaient ensemble, ils vivraient toujours ensemble. L’amour seul était le lien d’union, de justice, de bonheur. En lui se trouvait le pacte indispensable et suffisant, car il suffisait de s’aimer, pour que la paix régnât. Cet universel amour qui s’élargira de la famille à la nation, de la nation à l’humanité, sera l’unique loi de l’heureuse Cité future. On le développait chez les enfants en les intéressant les uns aux autres les plus forts veillant sur les plus faibles, tous mettant en commun leurs études, leurs jeux, leurs passions naissantes. Et c’était la moisson attendue, des hommes fortifiés par les exercices du corps instruits par l’expérience en pleine nature, rapprochés par l’intelligence et par le cœur, devenus des frères.