Page:Zola - Travail.djvu/246

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— C’est bien cela, monsieur Luc, appuya Yvonnot. Puisque nous avons tant fait que de nous réconcilier, Lenfant et moi, nous pouvons bien nous employer à ce que tous les autres se réconcilient de même et Feuillat, qui est un malin, nous y aidera.  » En partant, ils reparlèrent des eaux que Luc s’engageait à jeter dans le Grand-Jean. Tout fut réglé. Ils avaient l’idée qu’ils seraient beaucoup aidés, dans leur campagne d’association, par cette question de l’arrosage, qui allait forcer la commune à n’avoir qu’un intérêt et qu’une volonté.

Luc, qui les accompagnait, leur fit traverser le jardin, où les attendaient leurs enfants, Arsène et Olympe, Eugénie et Nicolas qu’ils avaient dû amener, pour leur montrer cette Crêcherie dont toute la contrée parlait. Et, justement, les écoliers des cinq classes venaient d’entrer en récréation, ce qui animait le jardin d’une turbulence joyeuse. Les jupes des fillettes volaient au clair soleil les garçons sautaient comme des chevreaux, c’étaient des rires, des chants, des cris, toute une floraison de délicieuse enfance, au milieu des gazons et des verdures.

Mais Luc aperçut Sœurette qui se fâchait et grondait, au milieu d’un groupe de têtes blondes et brunes. Il y avait là, au premier rang, Nanet, grandi, âgé de dix ans bientôt, avec sa face ronde, hardie et gaie, sous sa toison de petit mouton ébouriffé, couleur d’avoine mûre. Puis, derrière lui, se groupaient les trois Bonnaire, Lucien, Antoinette, Zoé, et les deux Bourron, Sébastien et Marthe tous pris en faute sans doute, de la plus jeune, qui avait trois ans aux plus vieux, qui allaient en avoir dix. Et il semblait bien que Nanet fût le chef de la bande coupable, car il répondait, il discutait en gamin pas commode, s’entêtant à ne jamais avoir tort.

«  Quoi donc  ? demanda Luc.