Page:Zola - Travail.djvu/375

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dans ce brasier abominable, emportée, subjuguée, n’ayant plus l’audace d’appeler à son secours.

«  Je vous jure que je vais crier, si vous ne me lâchez pas  !   »

Mais il ne parlait plus, les dents serrées, dans une frénésie, où le besoin du sang versé aboutissait à ce rut, à ce besoin du viol.

Et d’une poussée dernière, il la culbuta dans le coin, sur les vieilles hardes entassées, une couche infecte d’ignominie. Des deux mains il avait arraché le peignoir, fendu la chemise  ; et il l’avait nue, il l’écrasait, il tâchait de l’immobiliser, pour éviter les coups d’ongle dont elle lui labourait le corps. Une fureur sombre avait fini par la prendre, elle se battait en fauve elle-même, silencieusement, lui arrachant les cheveux, le mordant à la poitrine, s’efforçant de l’atteindre plus bas et de le mutiler, tandis qu’il grondait encore  :

«  Des garces, des garces, toutes des garces  !   » Tout d’un coup, elle cessa de se débattre. Une onde d’abominable volupté, un flot d’effroyable ivresse était monté dans sa chair, en un frisson éperdu qui submergeait sa volonté, qui la livrait pantelante, délirante. Et cette volupté affreuse était faite de l’abjection même où elle tombait, de cette couche ignoble, de ce réduit obscur, empesté, de cette brute enragée, à l’odeur de fauve, à la peau suante, au sang brûlé par le four, enfin de tout le sombre écrasement de l’Abîme, du monstre mangeur d’existences, dont les ténèbres traversées de flammes lui donnaient un vertige d’enfer. La chercheuse, la perverse qu’elle était, si peu gâtée par son mari et par son bellâtre d’amant, touchait là le fond de la sensation. Elle fut consentante, elle rendit son étreinte à la brute ivre, en un spasme jamais ressenti, qui la fit crier de plaisir fou, comme la femelle qu’un mâle éventre, au fond des bois.

Ragu, tout de suite, s’était remis debout. Ainsi que le sanglier dans sa bauge, il tournait, grognait, en se rhabillant à