Page:Zola - Travail.djvu/390

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de toutes sortes, les crises qu’on avait crues mortelles, étaient simplement les cahots inévitables de la route, les premiers jours de marche, si durs, où il s’agit de ne point succomber, si l’on veut arriver au but. Et cela, aujourd’hui, apparaissait, qu’elle avait toujours été vivace, toute gonflée et travaillée de sève, pour les moissons de l’avenir.

C’était, dès maintenant, une leçon de choses, une expérience décisive, qui peu à peu allait convaincre tout le monde. Comment nier la force de cette association du capital, du travail et de l’intelligence, lorsque les bénéfices devenaient plus considérables d’année en année et que les ouvriers de la Crêcherie gagnaient déjà le double de leurs camarades des autres usines  ? Comment ne pas reconnaître que le travail de huit heures, de six heures, de trois heures, le travail devenu attrayant, par la diversité même des tâches, dans des ateliers clairs et joyeux, avec des machines que des enfants auraient conduites, était le fondement même de la société future, lorsqu’on voyait les misérables salariés d’hier renaître, redevenir des hommes sains, intelligents, allègres et doux, dans cet acheminement à la liberté, à la justice totales  ? Comment ne pas conclure à la nécessité de la coopération, qui supprimerait les intermédiaires parasites, le commerce où tant de richesse et de force se perdent, lorsque les magasins généraux fonctionnaient sans heurt, décuplant le bien-être des affamés d’hier, les comblant de toutes les jouissances réservées jusque-là aux seuls riches  ? Comment ne pas croire aux prodiges de la solidarité qui doit rendre la vie aisée, en faire une continuelle fête, pour tous les vivants, lorsqu’on assistait aux réunions heureuses de la maison commune, destinée à devenir un jour le royal palais du peuple, avec ses bibliothèques, ses musées, ses salles de spectacle, ses jardins, ses jeux et ses divertissements  ? Comment enfin ne pas renouveler l’instruction et