Page:Zola - Travail.djvu/406

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éprouvée du capital, du travail et de l’intelligence, en faisant ainsi trois parts des bénéfices. C’était simplement un groupe nouveau, le groupe du vêtement, à côté du groupe du fer et de l’acier, groupe identique d’ailleurs  ; et la ressemblance s’accentua davantage, lorsque Gourier parvint à syndiquer toutes les industries du vêtement, les tailleurs, les chapeliers, les bonnetiers, les lingers, les merciers. D’autre part, on parla d’un autre groupe encore, qu’un grand entrepreneur de maçonnerie s’occupait de créer, en associant aux maçons tous les ouvriers du bâtiment, les tailleurs de pierre, les menuisiers, les serruriers, les plombiers, les couvreurs, les peintres, vaste groupe qui engloberait aussi les architectes les artistes, sans compter les ouvriers du meuble, les ébénistes, les tapissiers, les bronziers, même les horlogers et les bijoutiers. Il n’y avait là qu’une végétation logique, l’exemple de la Crêcherie avait semé cette idée féconde des groupements, des associations sériées en groupes naturels, et les groupes poussaient d’eux-mêmes, par imitation par le besoin du plus de vie et du plus de bonheur possible. La loi de création humaine agissait  ; et elle agirait certainement avec une énergie croissante, si l’existence heureuse de l’espèce l’exigeait  ; et, dès maintenant, il devenait même sensible qu’un lien général s’établissait au-dessus de ces groupes, un lien commun qui, tout en les laissant distincts, les réunirait un jour, en une vaste réorganisation sociale du travail, unique code de la Cité future.

Mais l’idée d’échapper à la Crêcherie en l’imitant, semblait bien forte pour le cerveau de Gourier. Aussi l’opinion était-elle qu’il avait dû être conseillé par le sous-préfet Châtelard, qui se terrait dans plus d’ambre et plus de tranquille insouciance, à mesure que Beauclair se transformait, sous le souffle vivant de l’avenir. Et l’on devinait juste, cela s’était passé dans un petit déjeuner à