Page:Zola - Travail.djvu/472

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Suzanne, ici présente, copropriétaire de l’Abîme, se refusera formellement à tout arrangement autre, en dehors de ma volonté. Et, j’en suis sûr, elle n’aura, comme moi qu’un regret, celui de ne pouvoir tout rendre, de toucher encore les intérêts de son capital, dont elle disposera selon son cœur.  »

Et, Boisgelin se taisant, se soumettant dans la faiblesse éperdue où l’avait jeté sa ruine, le vieillard continua  :

«  Ce n’est pas tout, il reste la Guerdache et la Ferme. Il faut rendre, il faut rendre.  »

Alors, épuisé, d’une parole qui redevenait difficile, il acheva de dire ses volontés. Comme l’Abîme allait se fondre dans la Crêcherie, il voulait que la Ferme entrât dans l’association des Combettes. D’un bloc, le domaine irait élargir les vastes champs mis en commun de Lenfant, d’Yvonnot et des autres paysans, vivant en frères depuis que leurs intérêts bien compris les avaient réconciliés. Il n’y aurait plus qu’une terre, une mère unique, aimée de tous, cultivée par tous, les nourrissant tous. La plaine entière de la Roumagne finirait par être une seule et même moisson, le grenier d’abondance de Beauclair régénéré. Et, quant à la Guerdache, puisqu’elle appartenait en totalité à Suzanne, il chargeait celle-ci de la rendre aux misérables, aux souffrants, pour ne rien garder des biens empoisonnés dont les Qurignon agonisaient. Et, revenant à Paul, toujours assis au bord du lit, lui prenant les mains dans les siennes, le regardant de ses yeux qui maintenant commençaient à s’éteindre, il dit encore, de plus en plus bas  :

«  Il faut rendre, il faut rendre, mon enfant… Tu ne garderas rien, tu donneras ce parc aux anciens camarades, pour qu’ils s’y réjouissent, les jours de fête, et pour que leurs femmes et leurs enfants s’y promènent, y goûtent des heures de gaieté et de santé, sous les beaux arbres. Tu rendras, tu donneras aussi la maison, cette immense